RADAR LANAUDOIS



En 2021, 29,5 % des familles avec enfants de Lanaudière étaient des familles monoparentales1.

Faits saillants

Dans Lanaudière, la proportion des familles avec au moins un enfant est similaire à celle du Québec. Plus de 20 points de pourcentage séparent cependant la MRC des Moulins de la MRC de Matawinie. Lorsque l’on considère ces familles avec enfants, on constate que dans les MRC de Matawinie et de Joliette, les familles monoparentales sont plus nombreuses, en proportion, tandis que le pourcentage s’avère inférieur pour la MRC des Moulins. La proportion régionale est similaire à celle de l’ensemble du Québec, alors qu’environ trois familles avec enfants sur dix sont des familles monoparentales. De plus, les parents d’enfants âgés de 6 mois à 17 ans de Lanaudière sont moins scolarisés par rapport à ceux du reste du Québec. En effet, la proportion des parents n’ayant aucun diplôme et ceux ayant tout au plus un diplôme secondaire sont plus élevées. En contrepartie, le pourcentage de parents détenant un diplôme universitaire est plus faible dans la région. Les MRC de Montcalm et de Matawinie affichent une proportion inférieure à 3 % de parents profitant d’un diplôme universitaire.

Explication et analyse

Le recensement de la population effectué tous les cinq ans par Statistique Canada permet d’en apprendre davantage à propos de la composition des familles. On y définit le terme familles de recensement comme étant « un couple marié et les enfants, le cas échéant, du couple et/ou de l’un ou l’autre des conjoints; un couple en union libre et les enfants, le cas échéant, du couple et/ou de l’un ou l’autre des conjoints; ou un parent dans une famille monoparentale, peu importe son état matrimonial, habitant avec au moins un enfant dans le même logement et cet ou ces enfants. Tous les membres d’une famille de recensement particulière habitent le même logement. Les enfants peuvent être des enfants biologiques ou adoptés, peu importe leur âge ou leur état matrimonial, du moment qu’ils habitent dans le logement sans leur propre conjoint marié, [leur] conjoint de fait ou [leur] enfant. Les petits-enfants habitant avec leurs grands-parents, alors qu’aucun des parents n’est présent, constituent également une famille de recensement »3. Ainsi, les familles de recensement avec enfants sont scindées en deux catégories : les familles comptant un couple (ou familles biparentales) et les familles monoparentales4.

L’Enquête québécoise sur la parentalité (EQP)5 réalisée par l’Institut de la statistique du Québec pour le compte du ministère de la Famille cible l’ensemble des parents âgés de 18 ans et plus ayant au moins un enfant âgé de 6 mois à 17 ans vivant avec eux pendant au moins 14 % du temps. Cela équivaut, par exemple, à une présence d’une fin de semaine sur deux, d’une journée par semaine ou de quatre jours par mois. Cette enquête met en évidence que les familles dont le ou les parents sont nés à l’extérieur du Canada, celles dont le ou les parents sont sans diplôme d’études secondaires ainsi que les familles monoparentales sont plus susceptibles de présenter un faible niveau de revenu et de vivre dans un quartier défavorisé5.

En effet, les parents et les enfants vivant dans une famille monoparentale peuvent être particulièrement touchés par divers enjeux. D’abord, les familles monoparentales ont, de façon générale, de plus faibles revenus que les familles biparentales, particulièrement les familles monoparentales dirigées par une femme et celles comptant des enfants en bas âge6, 7. Cette situation peut s’expliquer par le fait qu’elles ne peuvent compter que sur un seul revenu pour assumer l’ensemble des dépenses. Sur le plan de la réussite éducative, une plus grande proportion de familles monoparentales est associée à un plus faible taux de diplomation chez les jeunes au sein d’un territoire8. De plus, on peut constater des défis plus marqués chez les jeunes vivant au sein d’une famille monoparentale, en comparaison avec ceux résidant avec leurs deux parents ou en garde partagée. Ces difficultés, observées tant au primaire qu’au secondaire, découlent, en grande partie, de contraintes organisationnelles9. Par exemple, la gestion des devoirs et la participation aux rencontres avec l’école deviennent plus complexes en l’absence d’un autre parent pour prendre en charge la préparation des repas ou la garde des autres enfants.

Peu importe le contexte familial, l’encadrement parental peut avoir un impact positif sur le parcours scolaire des jeunes10, 11, 12, 13, 14. L’implication parentale peut être multiforme selon les contextes et les caractéristiques des individus (parents, enfants). Il est possible de relever quelques composantes qui peuvent encourager les parents à s’impliquer dans la vie scolaire de leurs enfants15. Si les parents perçoivent que c’est leur rôle de s’impliquer, qu’ils sont compétents et qu’ils sont les bienvenus pour le faire, ils auront tendance à s’engager davantage10, 11, 12. Les parents doivent sentir qu’ils peuvent faire une différence dans la réussite et les apprentissages de leurs enfants, sans représenter pour autant un modèle de perfection16.

De plus, la présence d’un réseau social pour soutenir les parents et la famille en cas de besoin semble être un élément clé pour favoriser l’adaptation psychosociale des individus17. En effet, les familles qui bénéficient de soutien de la part de leur entourage ont plus de chance de s’adapter de manière positive aux diverses situations qu’elles traversent18. Les familles dont le ou les parents sont nés à l’extérieur du Canada sont plus susceptibles de ne pas pouvoir compter sur un entourage disponible en cas de besoin5. Cette absence de soutien social apparaît d’autant plus difficile au moment de la naissance d’un nouvel enfant, qui peut représenter une période particulièrement stressante19.

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  1. Les données sur la composition des familles proviennent de Statistique Canada, Profil du recensement, Recensement de la population de 2021. Calculs effectués par ÉCOBES – Recherche et transfert. https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/dp-pd/prof/index.cfm?Lang=F
  2. Les données sur la scolarité des parents proviennent de l’Institut de la statistique du Québec, Enquête québécoise sur la parentalité 2022 (2022), dans Lavoie, A. et Auger, A. (2023). Être parent au Québec en 2022 : un portrait à partir de l’Enquête québécoise sur la parentalité 2022. Institut de la statistique du Québec. https://statistique.quebec.ca/fr/fichier/etre-parent-quebec-2022.pdf
  3. Statistique Canada. (2021). Famille de recensement. Dans Dictionnaire, Recensement de la population, 2021. https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/ref/dict/az/Definition-fra.cfm?ID=fam004
  4. Statistique Canada. (2021). Famille comptant un couple avec enfants. Dans Dictionnaire, Recensement de la population, 2021. https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/ref/dict/az/Definition-fra.cfm?ID=fam031
  5. Lavoie, A. et Auger, A. (2023). Être parent au Québec en 2022 : un portrait à partir de l’Enquête québécoise sur la parentalité 2022. https://statistique.quebec.ca/fr/fichier/etre-parent-quebec-2022.pdf
  6. Statistique Canada. (2022). Recensement en bref : tendances désagrégées en matière de pauvreté tirées du Recensement de la population de 2021 (publication no98-200-X). https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/as-sa/98-200-x/2021009/98-200-x2021009-fra.pdf
  7. Par ailleurs, une récente analyse révèle que la proportion de familles monoparentales lanaudoises ayant un parent de sexe masculin est supérieure à celle de l’ensemble du Québec. Voir Lamoureux Théorêt, M. (2022, novembre). Portrait de famille : que s’est-il passé depuis 2016? On surveille pour vous : bulletin d’information lanaudois, 89, 1-2. Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière, Direction de santé publique, Service de surveillance, recherche et évaluation. https://www.cisss-lanaudiere.gouv.qc.ca/fileadmin/internet/cisss_lanaudiere/Documentation/Sante_publique/Bulletins/On_surveille_pour_vous/OSPV-89-Portrait_de_famille-Que_s_est-il_passe_depuis_2016_-_2022__novembre_2022.pdf
  8. Gaudreault, M., Morin, I., Simard, J.-G., Perron, M. et Veillette, S. (2018). Les facteurs territoriaux de persévérance et de réussite scolaires au Québec. Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle, 51(3), 37-60. https://www.cairn.info/revue-les-sciences-de-l-education-pour-l-ere-nouvelle-2018-3-page-37.htm
  9. Cretin, L. (2012, décembre). Les familles monoparentales et l’école : un plus grand risque d’échec au collège? Éducation et formations, 82, 51-66. https://archives-statistiques-depp.education.gouv.fr/Default/doc/SYRACUSE/48028/education-formations-conditions-de-scolarisation-et-facteurs-de-reussite-scolaire-n-82-decembre-2012?_lg=fr-FR
  10. Deslandes, R. (2019). Collaborations école-famille-communauté : recension des écrits. Tome 1 : Relations école-famille. Plateforme échange, recherche et intervention sur la scolarité : persévérance et réussite. https://www.periscope-r.quebec/sites/default/files/relations-ecole-famille_deslandes_2019.pdf
  11. Deslandes, R. et Bertrand, R. (2004). Motivation des parents à participer au suivi scolaire de leur enfant au primaire. Revue des sciences de l’éducation, 30(2), 411-433. https://www.erudit.org/fr/revues/rse/2004-v30-n2-rse1025/012675ar/
  12. Larivée, S.-J. (2011). Regards croisés sur l’implication parentale et les performances scolaires. Service social, 57(2), 5-19. https://www.erudit.org/fr/revues/ss/2011-v57-n2-ss5004227/1006290ar/
  13. Ratelle  C.-F., Duchesne, S. et Guay, F. (2017). Predicting school adjustment from multiple perspectives on parental behaviors. Journal of Adolescence, 54, 60-72. http://www.mapageweb.umontreal.ca/mageaug/Echelles/Ratelle_Duschesne_Guay_2017.pdf
  14. Rousseau, M., Thivierge, J., Potvin, P. et Brooks, S. (2012). La relation École-Famille-Communauté et la persévérance scolaire : une recension des écrits. ÉCOBES – Recherche et transfert, Cégep de Jonquière; Université du Québec à Trois-Rivières; Fondation Mobilys. http://www.pierrepotvin.com/8.%20Banque%20d%27outils/Mobilys_E-F-C.pdf
  15. Il s’agit de la représentation que les parents ont de leur rôle (ils doivent comprendre que leur participation dans l’éducation de leur enfant est l’une de leurs responsabilités); de leur sentiment de compétence dans celui-ci (ils doivent sentir qu’ils peuvent aider leur enfant à réussir à l’école); et des occasions ou des invitations qu’ils reçoivent pour s’impliquer dans la vie scolaire (ils doivent percevoir, de la part de l’école, que leur participation est désirée et nécessaire). Pour plus de détails concernant ce modèle, voir Hoover-Demsey, K.-V. et Sandler, H.-M. (1997). Why do parents become involved in their children’s education? Review of Educational Research, 67(1), 3-42. https://doi.org/10.3102/00346543067001003
  16. Larivée, S.-J. et Larose, F. (2014). Les programmes d’implication parentale efficaces en milieux défavorisés : une recension des écrits. La revue internationale de l’éducation familiale, 2(36), 35-60. https://www.cairn.info/revue-la-revue-internationale-de-l-education-familiale-2014-2-page-35.htm
  17. Duchesne, S. (2008). Soutien social et familles vulnérables : conceptualisation, intervention et évaluation. Dans G. M. Tarabulsy, M. A. Provost, S. Drapeau et É. Rochette (dir.), L’évaluation psychosociale auprès de familles vulnérables (p. 47-66). Presses de l’Université du Québec. https://www.researchgate.net/publication/258120935_Soutien_social_et_familles_vulnerables_conceptualisation_intervention_et_evaluation
  18. Desrosiers, H. (2013, avril). Conditions de la petite enfance et préparation pour l’école : l’importance du soutien social aux familles. Portrait et trajectoires, 18, 1-16. Institut de la statistique du Québec. https://statistique.quebec.ca/fr/fichier/no-18-conditions-de-la-petite-enfance-et-preparation-pour-lecole-limportance-du-soutien-social-aux-familles.pdf
  19. Dufour-Turbis, C. et Hamelin-Brabant, L. (2019). L’expérience de la maternité en contexte d’immigration récente au Québec. Santé Publique, 31(6), 751-759. https://doi.org/10.3917/spub.196.0751