RADAR LANAUDOIS



En 2020-2021, la région de Lanaudière enregistre une perte nette de 254 jeunes de 15 à 24 ans dans ses échanges migratoires avec les autres régions du Québec1.

Faits saillants

En 2020-2021, la région de Lanaudière a accueilli près de 25 000 personnes en provenance des autres régions administratives, mais a vu près de 16 500 personnes la quitter pour s’établir ailleurs au Québec, pour un solde migratoire d’environ +8 400. L’analyse du solde migratoire des MRC selon les groupes d’âge révèle que les principaux déficits se retrouvent chez les jeunes de 15 à 24 ans et les adultes de 45 à 64 ans des MRC du sud. Globalement, le solde migratoire est positif pour l’ensemble des MRC de la région. Or, proportionnellement à la population de ces territoires, les MRC de Lanaudière-Sud ont un solde migratoire inférieur au taux régional, tandis que les MRC de Montcalm et de Matawinie affichent un taux nettement supérieur. Pour ce qui est de la proportion de la population ayant déménagé dans les cinq dernières années, les MRC de Joliette et de Montcalm affichent une proportion similaire à celle de l’ensemble du Québec, alors que les MRC de D’Autray et de Matawinie présentent des chiffres inférieurs.

Explication et analyse

Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes entrant et le nombre de personnes sortant sur un territoire donné. Le solde migratoire interrégional présente les pertes ou les gains enregistrés dans les échanges migratoires d’une MRC ou d’une région avec les autres régions administratives du Québec. Ce solde se calcule en nombre absolu ou en taux net; le solde est alors exprimé en proportion de la population4. Les lecteurs sont invités à consulter le Bulletin d’information lanaudois sur la migration interrégionale, produit par la Direction de santé publique, afin d’obtenir une analyse complète des données sur la mobilité lanaudoise.

La mobilité d’une population peut aussi être mesurée par la proportion des personnes ayant déménagé dans les cinq dernières années, et ce, peu importe le lieu du déménagement5. De récentes analyses ont révélé que les territoires caractérisés par une plus forte proportion d’individus ayant déménagé au cours des cinq années précédentes ont tendance à présenter une plus faible diplomation au secondaire6, alors que le lien entre le déménagement d’un jeune et ses difficultés scolaires, voire son décrochage scolaire, a aussi été démontré7. De plus, il appert qu’une « […] mobilité résidentielle généralisée sur un même territoire peut aussi affecter son tissu social, fragilisant ainsi le soutien de la communauté envers les parcours scolaires des jeunes » (p. 51)6.

L’un des effets les plus marqués d’une diminution importante de la population d’un territoire est la perte de services de proximité : fermeture d’écoles et de commerces, diminution des services financiers et de santé, etc. Cette perte de services pourra à son tour avoir un effet sur la population restante qui, par manque de services et de lieux de loisir et de culture, pourrait aussi choisir de quitter le territoire8.

Le phénomène de migration des jeunes a fait l’objet de nombreuses études afin de comprendre les motivations des jeunes à quitter (de façon temporaire ou définitive) leur région. Dans une enquête auprès de jeunes du Saguenay–Lac-Saint-Jean9, certaines caractéristiques personnelles, culturelles et sociales des jeunes se sont avérées liées à leur processus migratoire : les jeunes qui migrent « […] sont plus dynamiques, sont globalement plus performants à l’école (ex. : diplôme obtenu) et ont des valeurs moins traditionnelles que les non-migrants » (p. 66)9. La connaissance de ces caractéristiques permet de mettre en place des mesures incitatives pour contrer cette migration et assurer aux régions la possibilité de profiter des talents et des compétences de leurs jeunes9.

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  1. Les données portant sur les soldes migratoires proviennent de l’Institut de la statistique du Québec, exploitation du Fichier d’inscription des personnes assurées (FIPA) de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Les calculs ont été effectués par ÉCOBES – Recherche et transfert du Cégep de Jonquière.
  2. Les données portant sur le déménagement du recensement de la population de 2016 proviennent de Statistique Canada, compilées dans la plateforme CartoJeunes développée par ÉCOBES – Recherche et transfert du Cégep de Jonquière et accessible à l’adresse http://www.cartojeunes.ca/.
  3. Ce bilan repose principalement sur les gains faits au détriment de Montréal (+8 382) et de Laval (+1 895), tandis que les déficits proviennent en grande partie des échanges avec la Mauricie (-807); les autres soldes négatifs (-1 609) étant répartis sur l’ensemble des autres régions du Québec. Les différentes mesures pour contrer la pandémie de COVID-19 (p. ex. le recours accru au télétravail, le déploiement de la formation à distance dans les cégeps et universités, etc.) ont possiblement incité davantage de personnes à se questionner sur leur choix de lieu de résidence, soit de quitter la région ou de venir s’y installer.
  4. St-Amour, M., Bézy, S. et Denault, L. (2022). La migration interrégionale au Québec en 2020-2021 : les pertes accrues des grands centres profitent à plusieurs régions. Bulletin sociodémographique, 26(1), 1-20. http://statistique.quebec.ca/fr/fichier/migration-interregionale-quebec-2020-2021-pertes-grands-centres-profitent-regions.pdf
  5. Statistique Canada. (2016). Guide de référence sur la mobilité et la migration : recensement de la population, 2016.
    https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2016/ref/guides/010/98-500-x2016010-fra.cfm
  6. Gaudreault, M., Morin, I., Simard, J.-G., Perron, M. et Veillette, S. (2018). Les facteurs territoriaux de persévérance et de réussite scolaires au Québec. Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle, 51(3), 37-60. https://www.cairn.info/revue-les-sciences-de-l-education-pour-l-ere-nouvelle-2018-3-page-37.htm
  7. Voight et coll., 2012; Hagan et coll., 1996, cités dans Gaudreault, M., Morin, I., Simard, J.-G., Perron, M. et Veillette, S. (2018). Les facteurs territoriaux de persévérance et de réussite scolaires au Québec. Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle, 51(3), 37-60. https://www.cairn.info/revue-les-sciences-de-l-education-pour-l-ere-nouvelle-2018-3-page-37.htm
  8. Klein, J.-L., Bussières, D., Caillouette, J., Doyon, M., Fontan, J. M., Tremblay, D. G. et Tremblay, P. A. (2015). Saint-Camille : récit d’une expérience de co-construction de la connaissance. Les Cahiers du CRISES (Études de cas noES1515). Centre de recherche sur les innovations sociales. https://crises.uqam.ca/wp-content/uploads/2018/10/CRISES_ES1505.pdf
  9. Blackburn, M.-È., Tardif, S., Gaudreault, M. et Thivierge, J. (2017). Déterminants du statut migratoire à 24 ans chez une cohorte de jeunes Saguenéens et Jeannois. Revue Jeunes et Société, 2(2), 50-69. http://rjs.inrs.ca/index.php/rjs/article/view/116