RADAR LANAUDOIS
Entre 2016 et 2021, près de 3 500 personnes issues de l’immigration récente sont venues vivre dans la région de Lanaudière1.
Faits saillants
La région de Lanaudière présente une proportion d’immigrants presque deux fois plus faible que celle de l’ensemble du Québec. À l’échelle des MRC, on observe que les MRC de Lanaudière-Sud affichent des proportions d’immigrants nettement plus élevées. En ce qui concerne la répartition de la population immigrante selon les groupes d’âge à l’immigration, une différence importante est observable : les tranches d’âge des 0-5 ans et des 5-14 ans sont proportionnellement plus nombreuses dans la région par rapport au Québec. Depuis 2016, tous les territoires de Lanaudière ont enregistré une augmentation de leur population. Cependant, la part de l’immigration récente dans cette variation diffère considérablement d’un territoire à l’autre. En effet, on constate que la région de Lanaudière affiche une proportion presque six fois inférieure à celle enregistrée dans l’ensemble du Québec. À l’échelle des MRC, un peu plus du quart de l’augmentation de la population de la MRC de L’Assomption provient de l’immigration, tandis que les MRC de Montcalm et de Matawinie affichent une proportion inférieure à 3 %.
Explication et analyse
Le recensement de la population effectué tous les cinq ans par Statistique Canada permet d’en apprendre davantage à propos de la population issue de l’immigration2. Le terme immigrants est utilisé pour décrire les personnes à qui les autorités de l’immigration ont accordé le droit de résider au Canada en permanence. Cette catégorie exclut les réfugiés, les résidents non permanents et les étudiants internationaux. Parmi la population immigrante, on qualifie d’immigrants récents ceux qui sont arrivés au Canada entre 2016 et 2021. De plus, il est courant d’utiliser le concept de statut de génération pour décrire la population issue de l’immigration : la première génération comprend les individus nés à l’extérieur du Canada tandis que la deuxième génération désigne les personnes nées au Canada, mais dont au moins l’un des deux parents est né à l’extérieur du Canada3.
Il existe plusieurs façons d’assurer une intégration réussie des personnes immigrantes, la première étant bien sûr la participation au marché du travail. Or, comme il en a été mention dans la fiche Marché de l’emploi, l’immigration est de plus en plus essentielle pour pourvoir les postes vacants en contexte de plein emploi. La participation économique à la société d’accueil permettra ensuite une participation dans les autres sphères de la vie, comme les dimensions communautaire, culturelle et citoyenne. Une intégration réussie dépend ainsi de la possibilité, pour les personnes immigrantes et leurs enfants, de contribuer aussi activement que les natifs à la vie économique, à la vie sociale et à la vie politique de leur pays d’adoption4.
La réussite scolaire est aussi un élément essentiel de l’intégration réussie des personnes immigrantes. À cet égard, il est intéressant de noter que le taux de diplomation des immigrants de première génération avant l’âge de 20 ans est relativement similaire à celui des non-immigrants5. Cependant, comme le suivi de cohorte ne prend pas en compte les élèves ayant intégré le système scolaire après le 30 septembre de la première année du secondaire, la diplomation des immigrants pourrait être surestimée. Pour obtenir un portrait plus réaliste, il est pertinent de considérer le taux de sorties sans diplôme ni qualification, qui révèle que les immigrants de première génération sont proportionnellement plus nombreux à quitter le secondaire sans diplôme ni qualification6. En revanche, les élèves immigrants de deuxième génération sont plus nombreux, en proportion, à obtenir un diplôme ou une qualification que les élèves immigrants de première génération et les élèves non immigrants5.
L’un des principaux objectifs des familles immigrantes dans leur projet migratoire est d’assurer la réussite scolaire de leurs enfants7. Pour atteindre cet objectif, il est essentiel de promouvoir les collaborations école-famille-communauté (EFC) pour comprendre les rôles de chacun dans la réussite et la persévérance des jeunes ainsi que les réalités vécues par les trois systèmes8. Dans son rôle, l’école doit s’adapter à la diversité. Pour ce faire, le ministère de l’Éducation a mis en place plusieurs initiatives visant à faciliter l’adaptation générale du système scolaire à la diversité. Ces initiatives comprennent l’élaboration de programmes d’études inclusifs et la révision d’un matériel didactique exempt de stéréotypes et reflétant la diversité, la formation du personnel scolaire en matière interculturelle et le soutien aux relations école-famille-communauté9. Plus précisément, la région de Lanaudière regroupe plusieurs organismes œuvrant auprès de la population immigrante et pouvant faciliter son accès, tels que le Comité régional d’éducation pour le développement international de Lanaudière (CRÉDIL), le Service d’aide à la famille immigrante de la MRC de L’Assomption (SAFIMA) ainsi que l’Accueil multiethnique et intégration des nouveaux arrivants à Terrebonne et Mascouche (AMINATE). De plus, il est à noter que la MRC des Moulins propose un plan d’action triennal (2022-2025) en matière d’attraction, d’intégration citoyenne, d’établissement durable et de pleine participation des personnes immigrantes et des autres minorités ethnoculturelles.
De plus, l’école peut favoriser la réussite des immigrants de première génération en alimentant leur sentiment d’appartenance, en rendant l’information disponible ainsi qu’en nourrissant leurs aspirations. L’offre de cours de langue est également un élément pouvant soutenir la réussite10. Du côté de la famille, l’encadrement et l’implication des parents ont un impact positif sur la réussite éducative des jeunes11. Il est encourageant de constater que les parents immigrants font généralement preuve d’un fort engagement dans la scolarité de leurs enfants8. Afin de s’adapter aux besoins de certaines familles immigrantes, quatre modèles de collaboration famille immigrante-école-communauté sont proposés : la collaboration partenariale, la collaboration à distance assumée, la collaboration à espace de médiation ainsi que la collaboration fusionnelle12. Il est important de souligner que les besoins en matière de soutien à la réussite peuvent varier pour les étudiants issus de diverses origines ethnoculturelles, notamment lorsqu’ils fréquentent un établissement d’enseignement supérieur, en raison de réalités hétérogènes13. En résumé, les élèves issus de l’immigration ont généralement une expérience scolaire positive grâce à leur bagage linguistique et culturel riche et varié. Il est donc important de célébrer ces réussites tout en cherchant à mieux comprendre les éventuels obstacles auxquels certains élèves immigrés sont encore confrontés8.
Autres pages du CREVALE qui pourraient vous intéresser
Autres fiches qui pourraient vous intéresser
- Diplômation et qualification au secondaire
- Sorties sans diplôme ni qualification au secondaire
- Élèves vulnérables (groupes à risque)
- Soutien social
- Les données sur la population issue de l’immigration proviennent de Statistique Canada, Profil du recensement, Recensement de la population de 2021. Calculs effectués par ÉCOBES – Recherche et transfert. https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/dp-pd/prof/index.cfm?Lang=F
- Le Recensement de la population est effectué à l’aide de deux questionnaires différents. Le questionnaire abrégé est utilisé pour dénombrer tous les résidents habituels de 75 % des logements privés alors que le questionnaire détaillé, qui comprend aussi les questions du questionnaire abrégé, est utilisé pour dénombrer un échantillon de 25 % des ménages privés au Canada. Les estimations et les indicateurs du questionnaire détaillé sont pondérés pour qu’ils représentent l’ensemble de la population cible de l’enquête. https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/ref/98-26-0006/982600062021001-fra.cfm
- Statistique Canada. (2021). Statut de génération. Dans Dictionnaire, Recensement de la population, 2021. https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/ref/dict/az/Definition-fra.cfm?ID=pop036
- Laur, E. (2016). Mesure de la participation des Québécoises et Québécois des minorités ethnoculturelles. Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Gouvernement du Québec. http://www.mifi.gouv.qc.ca/publications/fr/recherches-statistiques/RAP_Mesure_participation_2016.pdf
- À l’échelle du Québec, le taux de diplomation et de qualification après sept ans (tous réseaux) de la cohorte de 2014 est de 82,0 % pour les immigrants de première génération, de 86,5 % pour les immigrants de deuxième génération tandis qu’il est de 81,1 % pour les non-immigrants.
- En 2018-2019, le taux de sorties sans diplôme ni qualification est de 24,8 % pour les immigrants de première génération, bien au-dessus de la moyenne de l’ensemble des sortants (14,2 %).
- Charette, J. (2016). Stratégies parentales déployées pour soutenir l’expérience socioscolaire d’élèves récemment immigrés : un fort investissement « en marge » de l’école. Alterstice, 6(1), 121-132. https://doi.org/10.7202/1038284ar
- Centre de transfert pour la réussite éducative. (2021). Se donner le mot : agir pour favoriser la réussite éducative des élèves issus de l’immigration. https://www.ctreq.qc.ca/wp-content/uploads/2022/01/CTREQ-MEQ-Se-donner-le-mot-17-12-2021.pdf
- Bakhshaei, M. (2015). La scolarisation des jeunes Québécois issus de l’immigration : un diagnostic. Fondation Lucie et André Chagnon. https://fondationchagnon.org/media/1603/rapport_recherche_diagnostic_enfants_issus_immigration_version_finale.pdf
- OCDE, 2015, citée dans Centre de transfert pour la réussite éducative. (2020, 2 février). Comment aider les élèves immigrants à réussir à l’école? https://rire.ctreq.qc.ca/comment-aider-les-eleves-immigrants/
- Deslandes, 2019; Ratelle et coll., 2017; Larivée, 2011; Deslandes et Bertrand, 2004, cités dans CREVALE. (2023). Approche école-famille-communauté : en bref [infographie]. https://www.crevale.org/wp-content/uploads/2023/03/efc-webvr.pdf
- Collaboration partenariale : lorsque la famille et l’école ont un rapport égalitaire et une reconnaissance mutuelle de leurs rôles respectifs et non exclusifs. Collaboration à distance assumée : lorsqu’il y a une disparité linguistique et culturelle importante entre la famille et l’école, la communauté peut venir en appui à la famille pour assumer ses rôles dans la réussite des jeunes. Collaboration à espace de médiation : lorsque l’intervention d’un intermédiaire (p. ex. organismes communautaires, associations ethniques ou familiales) entre l’école et la famille est requis. Collaboration fusionnelle : lorsque les acteurs scolaires sortent de l’institution et interagissent dans le cadre familial.
- Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur. (2023). Équité, diversité et inclusion (EDI) : au cœur de la réussite étudiante. https://www.oresquebec.ca/des-realites-heterogenes-des-besoins-differents-en-soutien-a-la-reussite/