
RADAR LANAUDOIS
En 2024, 62,6 % de la population lanaudoise âgée de 15 ans, et plus, occupaient un emploi1.



Les pourcentages marqués par un (+) ou un (-) sont significativement différents de ceux du reste du Québec, au seuil de 5 %. Le reste du Québec correspond au Québec moins le territoire comparé.
Faits saillants
La proportion des élèves lanaudois du secondaire occupant un emploi durant l’année scolaire a diminué de 1,7 point de pourcentage entre 2016-2017 et 2022-20234, une baisse moins importante que pour l’ensemble du Québec (deux points de pourcentage). Cependant, en tenant compte du genre, la diminution est significative uniquement pour les filles. On observe également une différence significative de cette proportion entre le nord et le sud de Lanaudière, avec des taux de variation respectifs de -7,6 % et de +0,8 % durant ces années. Comme dans le reste du Québec, en 2022-2023, les filles lanaudoises étaient plus nombreuses à occuper un emploi que les garçons.
En ce qui concerne le nombre d’heures hebdomadaires de travail chez les étudiants à temps plein, les valeurs régionales étaient similaires à celles de l’ensemble du Québec en 2022-2023. Pour ces mêmes années, les garçons étaient plus nombreux à travailler plus de 16 heures par semaine alors que les filles travaillaient moins de 11 heures par semaine. On observe, entre 2016-2017 et 2022-2023, une augmentation de la proportion de jeunes Lanaudois occupant un emploi à raison de 11 heures et plus par semaine, avec un taux de variation de +78,4 % pour les filles et +65,3 % pour les garçons. Ici encore, il existe une disparité entre le nord et le sud de Lanaudière, particulièrement chez les filles, avec des taux de variation respectifs de +61,2 % et +97,8 % pour les filles et de +62,8 % et +68 % pour les garçons. Ces données régionales suivent les tendances observées dans d’autres régions, à savoir que les filles sont généralement plus nombreuses, en proportion, à être sur le marché du travail, tandis que les garçons, lorsqu’ils ont un emploi, travaillent un plus grand nombre d’heures par semaine.
Explication et analyse
L’Enquête sur la population active (EPA) est une enquête mensuelle réalisée par Statistique Canada afin de fournir des informations sur les grandes tendances du marché du travail, comme le taux d’activité, le taux d’emploi et le taux de chômage. Elle recueille des données sur les personnes âgées de 15 ans et plus et fournit des estimations nationales, provinciales et régionales. Le taux d’emploi annuel des étudiants à temps plein âgés de 15 à 29 ans est calculé en prenant la moyenne des taux mensuels sur la base des mois d’études (septembre à avril). Il correspond à la proportion du nombre de personnes occupées par rapport à la population de ce groupe. En ce qui concerne le calcul du nombre moyen d’heures de travail, seuls les étudiants qui ont déclaré occuper un travail sont pris en compte. Par ailleurs, les données portant sur l’emploi des jeunes du secondaire proviennent, quant à elles, de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire (EQSJS). On y retrouve le statut d’emploi des jeunes ainsi que la proportion des élèves travaillant plus de 16 heures par semaine, parmi ceux et celles occupant un emploi durant l’année scolaire.
La littérature scientifique récente permet d’identifier plusieurs effets bénéfiques du travail pendant les études, notamment le sentiment de valorisation, l’acquisition de compétences et de connaissances, le développement du sens des responsabilités et de l’organisation, l’autonomie financière, ainsi que la familiarisation avec le marché de l’emploi5. Cependant, d’autres chercheurs6 soulignent, au contraire, que le travail rémunéré durant l’année scolaire peut affecter la motivation et entraîner d’importantes répercussions sur la scolarisation. Plus spécifiquement, des difficultés liées à la planification et à la gestion, des difficultés liées à l’état de santé et des difficultés liées au rendement à l’école ou au travail peuvent être observées chez les jeunes du secondaire qui occupent un emploi. Or, puisque le nombre d’heures de travail semble être un facteur de risque7, la recherche d’un équilibre entre les études et le travail doit être trouvée, d’où l’importance d’avoir une bonne conciliation études-travail.
Les analyses effectuées à partir des données de l’EQSJS tendent à démontrer que certains facteurs sociodémographiques et économiques sont associés à une plus grande proportion de jeunes occupant un emploi à raison d’au moins 16 heures par semaine. En effet, parmi l’ensemble des élèves en emploi, ceux qui vivent dans une famille recomposée ou monoparentale, ceux dont les parents ont un niveau de scolarité inférieur au diplôme d’études secondaires ou sont sans emploi sont proportionnellement plus susceptibles de travailler au moins 16 heures par semaine durant l’année scolaire8. Ces résultats vont dans le même sens que d’autres recherches qui suggèrent que certaines trajectoires peuvent favoriser l’entrée précoce des jeunes sur le marché du travail9.
Les contraintes liées au travail peuvent être considérablement diminuées grâce à la présence de facteurs protecteurs10 qui peuvent être d’ordre personnel (performance scolaire, ambition professionnelle, enjeux de santé mentale ou physique, problèmes de consommation, etc.), familial (encouragement et implication des parents dans la vie scolaire de l’enfant, attitude des parents envers l’école) ou environnemental (soutien offert par les établissements, offre d’activités parascolaires ou de programmes intéressants, etc.). L’étudiant est responsable de son propre développement, mais doit également bénéficier d’un soutien parental et scolaire constant pour atteindre ses objectifs.
Certains facteurs sont associés à une conciliation études-travail plus facile pour les élèves en emploi. À ce titre, notons entre autres :
- Un emploi présentant une faible demande psychologique;
- Un nombre d’heures de travail peu élevé;
- Un emploi pour lequel l’employeur offre un bon soutien social à l’employé;
- Un horaire de travail flexible, c’est-à-dire que l’étudiant peut s’absenter au besoin, peut limiter volontairement son temps de travail, est consulté avant d’établir l’horaire de travail, peut s’arranger avec ses collègues pour modifier son horaire de travail, a la possibilité d’effectuer ses travaux scolaires pendant les heures de travail et n’a pas à faire un nombre minimal d’heures de travail pour pouvoir garder son emploi;
- Une décision de travailler prise par choix et non par obligation;
- Au moins une journée de congé par semaine (sans cours ni travail)11.
Plusieurs de ces facteurs concernent les employeurs. Ces derniers ont un rôle important à jouer afin que l’emploi occupé par leurs étudiants ne nuise pas à leur persévérance scolaire. Afin d’accompagner et de soutenir les employeurs dans la conciliation travail-études, le Comité régional pour la valorisation de l’éducation (CREVALE) offre un programme unique à Lanaudière. En effet, depuis 2006, le programme de certification OSER-JEUNES permet la reconnaissance et la mise en valeur des employeurs qui valorisent l’éducation et qui facilitent la conciliation travail-études de leurs employés. Au 5 février 2023, ce sont 3 055 jeunes qui travaillent au sein des 358 lieux d’affaires certifiés dans la région. Il est à noter que, depuis la création de ce programme, on compte plus de 660 lieux d’affaires lanaudois qui ont été certifiés et sensibilisés à la conciliation études-travail. En outre, une politique encadrant le travail étudiant a d’ailleurs été rédigée pour les employeurs adhérant au programme OSER-JEUNES. Suivant cette politique, les employeurs s’engagent à mettre en place et à respecter certaines pratiques, notamment de ne pas faire travailler un étudiant durant la nuit ou durant les heures de classe, de fournir l’équipement de protection nécessaire à l’accomplissement des tâches ou encore de s’intéresser au parcours scolaire de leurs employés étudiants. Pour que la politique soit applicable, l’étudiant doit collaborer et communiquer clairement ses besoins et ses disponibilités12.
Contrairement aux dernières années où nous étions en pénurie de main-d’œuvre, le nombre de postes vacants a atteint en 2024 son plus bas niveau depuis 2018. Selon Emna Braham, présidente-directrice générale de l’Institut du Québec, nous sommes passés « d’une situation de plein emploi avec des pénuries de main-d’œuvre dans certaines régions au sortir de la pandémie à une situation où il y a davantage de chômage, de moins en moins d’appétit des employeurs, donc de moins en moins de postes à combler ».13
Ce contexte de rareté des emplois pourrait pousser les jeunes à accepter des conditions de travail moins avantageuses ou plus risquées. De plus, l’entrée en vigueur, en septembre 2023, des nouvelles dispositions de la Loi sur l’encadrement du travail des enfants, qui prescrit un maximum de 10 heures de travail durant la semaine, signifie pour certains jeunes de cumuler les emplois pour récupérer le nombre d’heures qu’ils travaillaient auparavant, d’où la nécessité de s’assurer que les jeunes travailleurs ont accès à un environnement de travail sécuritaire et exempt de blessures.14 Or, 29,8 % des jeunes Lanaudois ont été victimes d’au moins une blessure au travail durant l’année scolaire 2022-2023, ce qui représente un taux de variation de +79,5 % par rapport à 2016-2017, supérieur à celui de l’ensemble du Québec (+42,4 %).15
Autres pages du CREVALE qui pourraient vous intéresser
- Le programme OSER-JEUNES
- La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail
Autres fiches qui pourraient vous intéresser
- Les données sur le taux d’emploi de la population de 15 ans et plus proviennent de Statistique Canada, Enquête sur la population active, 2014 à 2024. Adapté par l’Institut de la statistique du Québec. Mise à jour le 29 janvier 2025, disponibles sur SYLIA – Statistiques régionales, Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière, Direction de santé publique. https://view.officeapps.live.com/op/view.aspx?src=https%3A%2F%2Fwww.cisss-lanaudiere.gouv.qc.ca%2Ffileadmin%2Finternet%2Fcisss_lanaudiere%2FDocumentation%2FSylia_statistiques_regionales%2FMarche_du_travail%2FMarche_travail_ISQ.xlsx&wdOrigin=BROWSELINK
- Les données portant sur l’emploi des jeunes du secondaire proviennent de l’Institut de la statistique du Québec, Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire, 2022-2023. Rapport de l’Infocentre de santé publique du Québec. Mise à jour le 4 novembre 2024, disponibles sur SYLIA – Statistiques régionales, Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière, Direction de santé publique. https://www.cisss-lanaudiere.gouv.qc.ca/fileadmin/internet/cisss_lanaudiere/Documentation/Sylia_statistiques_regionales/Marche_du_travail/Exp_trav_EQSJS.xlsx
- Les données portant sur le nombre d’heures de travail proviennent de l’Institut de la statistique du Québec, Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire, 2022-2023. https://statistique.quebec.ca/fr/document/sante-jeunes-secondaire-2022-2023/publication/jeunes-secondaire-travail-ecole
- Les données portant sur l’emploi des jeunes du secondaire proviennent de l’Institut de la statistique du Québec, Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire, 2022-2023. Rapport de l’Infocentre de santé publique du Québec. Mise à jour le 4 novembre 2024, disponibles sur SYLIA – Statistiques régionales, Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière, Direction de santé publique. Exp_trav_EQSJS.xlsx
- RÉSEAU QUÉBÉCOIS POUR LA RÉUSSITE ÉDUCATIVE [RQRE] (2023). Mémoire du Réseau québécois pour la réussite éducative sur le projet de loi no 19 – Loi sur l’encadrement du travail des enfants. Présenté à la Commission de l’économie et du travail de l’Assemblée nationale du Québec, 11 p. https://reussiteeducative.quebec/data/memoire-du-reseau-quebecois-pour-la-reussite-educative-projet-de-loi-19.pdf; Staff et coll., 2009; Greve et Seidel, 2014.
- Gaudreault, M. M., Tardif, S. et L. Laberge (2019), Renforcer le soutien aux étudiants et aux entreprises en matière de conciliation études-travail-famille, ÉCOBES – Recherche et transfert, Cégep de Jonquière. https://ecobes.cegepjonquiere.ca/media/tinymce/Rapport_SoutienCETF_Avril2019.pdf
BÉLANGER, F. (2023). « Le travail des jeunes au Québec », Première lecture. https://premierelecture.bibliotheque.assnat.qc.ca/2023/01/25/le-travail-des-jeunes-au-quebec/ Réseau Réussite Montréal, La conciliation études-travail, 2023 (mise en jour partielle 2025) https://www.reseaureussitemontreal.ca/dossiers-thematiques/conciliation-etudes-travail/#:~:text=La%20conciliation%20%C3%A9tudes%2Dtravail%20:%20d%C3%A9finition,%C3%A9l%C3%A8ves%20ou%20des%20%C3%A9tudiant%C2%B7es - Berthelot, M. et Traore, I. (2016, juin). Le travail rémunéré pendant les études et la santé mentale des jeunes : le nombre d’heures travaillées compte. Zoom santé, 59. https://statistique.quebec.ca/fr/fichier/no-59-le-travail-remunere-pendant-les-etudes-et-la-sante-mentale-des-jeunes-le-nombre-dheures-travaillees-compte.pdf
- Berthelot, M. (2018). Expérience de travail et blessures liées à l’emploi. Dans Neill, G. (dir.), Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire, 2022-2023. La santé des jeunes du secondaire en 2022-2023
- Ledoux, É., Busque, M.-A., Auclair, J. et Laberge, L. (2019). Entrée précoce sur le marché du travail à 13 ans et répercussions sur la SST des jeunes occupant un emploi à 15 ans (Rapports scientifiques, rapport no R-1059). Institut de la recherche en santé et en sécurité du travail (IRSST). https://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/R-1059.pdf?v=2022-11-18
- CHAMBRE DE COMMERCE DU MONTRÉAL MÉTROPOLITAIN, RÉSEAU RÉUSSITE MONTRÉAL et REGROUPEMENT DES CÉGEPS DE MONTRÉAL (col.) (2019). Persévérance scolaire et conciliation études-travail : une piste de solution à la pénurie de main-d’œuvre. https://www.ccmm.ca/~/media/Files/News/Studies/2019/Etude_Concilation_travail_etudes_FR.pdf?la=fr
- Gaudreault, M. M., Tardif, S. et Laberge, L. (2019). Renforcer le soutien aux étudiants et aux entreprises en matière de conciliation études-travail-famille. ÉCOBES – Recherche et transfert, Cégep de Jonquière. https://ecobes.cegepjonquiere.ca/media/tinymce/Rapport_SoutienCETF_Avril2019.pdf
- La description du programme OSER-JEUNES provient du site web https://www.oser-jeunes.org/
- Institut de la statistique du Québec, Poste vacant selon la province, le territoire et la région (2025) https://statistique.quebec.ca/fr/produit/publication/postes-vacants-au-quebec-par-trimestre#region Institue du Québec, (février 2025) Bilan 2024 de l’emploi au Québec https://institutduquebec.ca/content/publications/bilan-2024-de-l-emploi-au-quebec/idq-202502-bilan-emploi.pdf La presse (2025) https://www.lapresse.ca/affaires/2025-02-12/emploi/la-penurie-de-main-d-oeuvre-n-est-plus.php
- Un récent rapport gouvernemental portant sur la présence des jeunes sur le marché de travail révèle une hausse fulgurante du nombre d’accidents au travail et contient plusieurs recommandations afin de baliser les conditions dans lesquelles s’effectue le travail. Le rapport est disponible à l’adresse https://www.travail.gouv.qc.ca/fileadmin/fichiers/Documents/cctm/Avis/AV_travail-enfants_MTRAV.pdf
- Marquis, Gagnon-Bourrassa et Nantel (mise à jour mars 2025), Direction santé publique, CISSS de Lanaudière tiré de l’ISQ, Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2022-2023. Rapport de l’Infocentre de santé publique du Québec https://www.cisss-lanaudiere.gouv.qc.ca/fileadmin/internet/cisss_lanaudiere/Documentation/Sante_publique/Themes/Portraits_populationnels_-_Jeunes/EQSJS_2022-2023_Recueil_statistique_MAJ2025.pdf