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En 2021-2022, le CREVALE a dirigé la recherche Everest sur l’approche école-famille-communauté (EFC), développée dans le cadre de projets en persévérance scolaire. Cette recherche a été réalisée en collaboration avec les carrefours jeunesse-emploi (CJE) du nord de Lanaudière. La rédaction du rapport de cette recherche a permis de documenter ce type d’approche et de constater qu’elle favorise grandement la réussite.

Ainsi, afin de faciliter la compréhension de cette approche (EFC) et d’en tirer tous les avantages pour le travail que nous menons ensemble, le CREVALE vous propose ce qui suit.

La littérature scientifique est consensuelle[1] : l’école, la famille et la communauté représentent un trio essentiel pour soutenir le développement et la réussite des jeunes. Les partenariats entre ces trois environnements intéressent le milieu de la recherche, mais aussi les divers acteurs d’une communauté et des milieux scolaires. Tous veulent connaître le fonctionnement de cette collaboration, ses conditions de réussite et ses effets sur le parcours des élèves. L’éducation dépasse donc la sphère scolaire ou domestique.

L’approche école-famille-communauté (EFC), aussi appelée « approche écosystémique[2] », est basée sur une théorie du psychologue Bronfenbrenner. Cette théorie repose sur une idée centrale : le développement d’un individu est un processus qui se produit dans une série d’interactions avec différents systèmes[3].

Ces environnements sont immédiats (influences directes) ou plus éloignés (influences indirectes). Les interactions peuvent impliquer des individus, des institutions et des éléments culturels, politiques ou historiques d’une société. Cependant, l’individu ne fait pas que subir les influences de son environnement, il le construit. Il faut donc retenir que le développement humain est complexe.

Pour réaliser sa mission (instruire, socialiser, qualifier), l’école tire avantage à faire appel aux parents et à la communauté. Dans sa planification, elle doit prévoir des stratégies qui vont en ce sens. En voici des exemples :

  • Création d’un environnement favorisant le sentiment d’inclusion et la communication entre elle et ses partenaires[4];
  • Promotion d’une approche participative où le personnel enseignant est préparé à travailler non pas uniquement avec des enfants, mais aussi avec des parents[5];
  • Etc.

Par ailleurs, plusieurs recherches ont démontré l’importance pour l’école de partager avec la famille et la communauté une compréhension et une vision communes des rôles de chacun. Pour l’ensemble des acteurs, il importe donc de mieux exprimer les attentes et de se questionner sur les différents       types d’implication à privilégier en fonction de la réalité des familles (scolarité des parents, revenus, nombre d’enfants, etc.), mais aussi auprès de la communauté[6].

Par conséquent, l’école doit adapter ses attentes envers les parents et doit valoriser leur rôle et leurs compétences en leur faisant vivre des expériences positives et en les outillant[7].

Il existe un consensus chez les chercheurs à l’effet que l’encadrement parental a un impact positif sur la réussite éducative des jeunes[8]. Lorsque les parents s’impliquent activement dans le parcours scolaire de leurs enfants (valorisation de l’éducation, suivi de leurs études, liens et communications avec le milieu scolaire, etc.), ils favorisent leur réussite (rendement scolaire, motivation à persévérer, développement d’habiletés sociales, d’intérêts et d’aspirations professionnelles, etc.).

C’est donc sans équivoque : la famille a un rôle primordial à jouer dans le cheminement scolaire de l’enfant, et les premiers éducateurs demeurent les parents[9], qui doivent comprendre qu’ils ont de l’importance dans l’éducation de leur enfant et qu’ils sont capables de les aider à réussir à l’école[10]. D’un autre côté, les parents tirent avantage à respecter l’expertise professionnelle du personnel scolaire (particulièrement celle des enseignants) et à tenir compte de ses exigences. Les parents doivent développer une relation positive et de confiance avec l’école. En somme, ils doivent accepter leur rôle de partenaire à part entière dans cette approche participative[11].

La communauté peut être représentée par différents types d’acteurs : les citoyens, les entreprises, les organisations communautaires et publiques, les villes et municipalités, les élus, etc. Tous doivent se partager la responsabilité de prévenir le décrochage scolaire chez les jeunes[12]. En effet, le décrochage scolaire est un phénomène multifactoriel et ses coûts sociaux sont bien réels : chômage, problèmes de santé, délinquance, exclusion sociale[13].

Par ailleurs, c’est en participant à la socialisation des jeunes qu’une communauté peut jouer un rôle dans leur réussite. L’acquisition de valeurs et d’attitudes pour le vivre-ensemble est une voie qui participe à cette réussite. C’est donc la formation de personnes responsables, capables de vivre en société et d’y jouer un rôle actif pour contribuer à son développement qui est visée.

De plus, la communauté peut aider et enrichir les écoles, les élèves et les familles à l’aide de ses ressources humaines, économiques, matérielles et sociales. De leur côté, les écoles, les élèves et les familles peuvent également être des sources d’aide et d’enrichissement pour la communauté, par exemple en s’impliquant dans certaines de leurs activités[14]. 

Plusieurs résultats de recherches permettent de constater que les collaborations EFC favorisent la réussite, quels que soient l’âge, le niveau, le milieu socioéconomique ou les caractéristiques personnelles de l’élève[15].

De manière plus précise, Deslandes (2010[16]) rapporte que des impacts positifs et concrets sont observés chez tous les acteurs de cette collaboration :

  • Les élèves manifestent de plus grandes persévérance et assiduité scolaires, récoltent de meilleurs résultats à l’école et ont un meilleur développement social, émotionnel et physique;
  • Les parents développent une meilleure connaissance du cheminement de leurs enfants et des moyens efficaces pour intervenir auprès d’eux. Ils peuvent également se montrer plus actifs dans la communauté et trouver ainsi plus facilement des voies d’accès à des services (logement, transport, emploi, etc.);
  • Dans le milieu scolaire, les enseignants adoptent une attitude plus positive envers leur école et leur travail, mais aussi envers les parents et leurs différents niveaux d’habiletés, de même qu’envers les interventions provenant de divers acteurs de la communauté;
  • Dans la communauté, les approches EFC collaborent à faire connaître les services et organismes, ce qui permet aux jeunes et à leur famille d’être mieux informés au sujet des ressources disponibles. De cette manière, les organismes communautaires peuvent joindre plus facilement les jeunes et leur famille, et augmenter ainsi leur efficacité auprès du milieu. Par ailleurs, l’obtention du diplôme d’études secondaires par les jeunes permet à la communauté, et plus largement à la société québécoise, d’en bénéficier.

Bien qu’elle comporte de nombreux impacts positifs, la mise en place de projets EFC n’est pas simple. L’approche EFC demande la participation de plusieurs acteurs aux perceptions, aux attentes et aux réalités multiples et différentes[17]. De ce fait, des désaccords en lien avec la territorialité, le financement et la définition des rôles et responsabilités de chacun sont inévitables[18].

De plus, l’implication de la communauté semble souvent plus théorique que pratique[19]. En effet, peu de projets EFC en font la véritable démonstration, même s’ils reconnaissent son importance. L’identification des zones de collaboration possible avec la communauté est donc un défi lié à ce type d’approche.

Pour relever ce défi, il faut aider les familles à identifier les programmes et les services présents dans la communauté qui répondent à leurs besoins et développer des collaborations bidirectionnelles où l’école et la communauté peuvent offrir et partager des services utiles à chacune[20].

Pour que l’approche EFC puisse favoriser la persévérance et la réussite scolaires, l’éducation doit être considérée comme une priorité sociale reposant sur une responsabilité collective[21]. Tous les acteurs doivent donc travailler main dans la main pour poursuivre ce but commun. Les « 4A » identifient les conditions dites « essentielles » à ce travail collectif[22] :

Approche : reconnaître la contribution de chacun des partenaires dans la poursuite de la mission de l’école (instruire, socialiser, qualifier) et de la réussite;

Attitudes : viser une collaboration saine en accordant de l’importance et de la valeur aux propos de tous les partenaires et en adoptant une attitude de confiance et d’ouverture;

Atmosphère : créer une atmosphère de travail agréable pour tous les partenaires et propice à l’atteinte des objectifs établis;

Action : opter pour des stratégies de travail misant sur une responsabilité partagée et où les relations entre l’école, la famille et la communauté sont solidifiées.

Le CREVALE a récemment présenté les résultats du rapport de recherche Everest Regard sur l’approche écosystémique et observations sur une expérience lanaudoise. Cette recherche visait à documenter des projets de persévérance scolaire mis en place par les Carrefours jeunesse emploi de D’Autray-Joliette, Matawinie et Montcalm. Ces projets proposent la création d’un groupe solidaire d’une vingtaine de jeunes du 1er, 2e ou 3e cycle du secondaire (selon l’école ciblée) à risque de désengagement académique et de décrochage scolaire. L’intervenante responsable joue un rôle primordial dans la réalisation des projets; elle a pour mandat d’assurer un suivi individuel auprès des participants, d’organiser des activités de groupe et de concerter la famille, l’école et la communauté autour des besoins de l’élève afin de faciliter son parcours académique.

La recherche avait pour objectif de répondre à ces deux grandes questions générales :

  • Qu’est-ce que la littérature peut nous apprendre sur l’approche école-famille-communauté?
  • Quelles observations pouvons-nous faire des projets Everest mis en œuvre par les CJE du nord de Lanaudière (fonctionnement, particularités, types d’acteurs, rôles et relations, attentes et effets, défis à relever)?

Ces observations ont permis d’améliorer les connaissances sur les pratiques EFC et de dresser un bilan de ce type de projet. En accord avec la littérature scientifique, de nombreux avantages sont constatés, mais plusieurs défis restent à relever.

Dans ce sens, les observations et les entrevues confirment que les projets EFC sont bénéfiques pour les jeunes. Plusieurs effets sont observés, notamment une augmentation du niveau de motivation, une plus grande ouverture aux autres, une meilleure connaissance de soi ainsi que le développement d’habiletés en lien avec le sens des responsabilités et l’autonomie. Lorsqu’on parle de défis associés au projet Everest, le recrutement des participants ainsi que l’implication des parents et de la communauté en sont deux exemples.

En somme, plusieurs pistes d’avenir sont proposées comme conclusion de cette recherche, entre autres pour accroître les pratiques EFC sur le territoire lanaudois. Pour lire l’intégralité de ce rapport, consultez les documents ci-dessous.

Documents utiles


Rapport – Recherche Everest

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La recherche Everest, en bref

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La boite à outils du CREVALE

Comme vous le savez déjà, notre site propose un grand choix d’outils destinés tant à l’école et aux    parents qu’à la communauté. Certains sont d’ailleurs directement en lien avec l’approche école-famille-communauté. Voici nos propositions pour accompagner vos actions :

Approche école-famille-communauté : Document rappelant les concepts liés à cette théorie

Valorisation de l’éducation et de l’encadrement parental : Infographie et infolettre thématique rappelant les concepts liés à ce déterminant

Pratiques communes en réussite éducative : Guide proposant des pratiques gagnantes aux organisations impliquées dans une concertation locale et aux répondants en réussite éducative dans une organisation

Concertations locales : Cartographie présentant les instances de concertation locales selon les MRC de la région

Autres ressources disponibles au CREVALE

Le CREVALE invite les instances de concertation locales en réussite éducative à se prévaloir d’une présentation sur cette approche afin de s’approprier ces notions et de concerter leurs actions sur le sujet. Pour plus d’information, il vous suffit de communiquer avec les agentes de concertation-liaison.

De plus, un webinaire intitulé Réflexion et mise à jour sur les relations école-famille-communauté sera présenté le 18 mai prochain, de 11 h à 12 h, en collaboration avec Rollande Deslandes, professeure émérite et chercheuse qui a développé une expertise portant sur la collaboration école-famille-communauté. Vous pouvez dès maintenant vous y inscrire en suivant ce lien : Je m’inscris!

Autres ressources externes à consulter

Dossier thématique du CTREQ sur l’approche EFC : on y trouve un ensemble d’outils pour éclairer et guider les acteurs intéressés à développer des projets EFC.

Répertoire d’activités Collaboration école-famille-communauté de l’Université du Québec à Chicoutimi (2012) : contient des exemples d’activités proposées par les milieux scolaires ou des acteurs de la communauté pour créer un lien EFC.

Documents utiles


L’approche école-famille-communauté en bref

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Infographie – Valorisation de l’éducation et encadrement parental

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Guide de pratiques communes destiné aux instances de concertation en réussite éducative

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Cartographie – concertations locales

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Tel que mentionné précédemment, les coûts sociaux du décrochage ne sont pas négligeables, et on remarque que le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre ne fait qu’accentuer les enjeux liés au décrochage scolaire et à l’employabilité des jeunes. En tant que membres de la communauté, les employeurs ont un rôle à jouer afin de soutenir les jeunes qui jonglent avec les études et le travail. D’ailleurs, plusieurs recherches sur la conciliation études-travail démontrent que de saines habitudes de gestion de la part des employeurs envers les travailleurs étudiants favorisent la persévérance et la réussite scolaires[23].

C’est pourquoi le CREVALE soutient les employeurs dans la gestion de leurs ressources humaines étudiantes. Depuis 2006, le programme de certification OSER-JEUNES propose de l’accompagnement et des outils afin que les employeurs adoptent des pratiques favorables à la conciliation études-travail et à la réussite éducative de leurs employés étudiants.

C’est en faisant preuve d’adaptabilité et de souplesse que les employeurs pourront assurer une relève qualifiée au Québec de demain!

Grâce à l’appui financier du ministère de l’Éducation du Québec (MEQ), le CREVALE peut soutenir des projets locaux ayant pour objectif la persévérance scolaire et la réussite éducative du plus grand nombre. Voici quelques-uns de ces projets où l’approche EFC est à l’honneur :

Groupe Déclic – Ensemble, pas à pas!

Une relation école-parent est créée avec ce projet consacré aux jeunes de 2 à 10 ans et à leurs parents. Plus précisément, des ateliers dyades parent-enfant sont mis en place en lien avec l’éveil à la lecture. Avec la collaboration du personnel scolaire, ces ateliers permettent également d’outiller le parent pour accompagner son enfant dans ses apprentissages. Puisque Déclic est un organisme œuvrant dans la communauté, le trio gagnant est ainsi complet.

Groupe Déclic – Oui tu es capable!

Ce projet souhaite contribuer au développement des acquis nécessaires chez les enfants pour leur entrée dans le monde scolaire. De plus, ce projet vise une meilleure connaissance des services pouvant soutenir les parents durant le parcours de leur enfant, ce qui leur permet de mieux connaître leur communauté, favorisant ainsi les relations famille-communauté.

Musée d’art de Joliette (MAJ) Ma première visite au musée

La mise sur pied de ce projet est un autre exemple de projet liant l’école, la famille et la communauté. Un programme éducatif ciblant les enfants de 4 et 5 ans et leurs parents a été élaboré en collaboration avec le Centre de services scolaire des Samares. Le projet comprend une trousse préparatoire à consulter à la maison, une visite et un atelier au MAJ, ainsi qu’une activité à pratiquer lors du retour en famille à la maison. Ce programme éducatif utilise l’art pour cibler certains déterminants de la persévérance scolaire.

Réussite éducative Montcalm – Accroche-toi 2.0

Le rapprochement entre l’école, la famille et la communauté est au cœur de ce projet, qui outille les parents et les enfants de la MRC de Montcalm en vue de faciliter l’intégration des élèves de 1re et 2e secondaire dans leur milieu et les engager dans leur processus scolaire.

 

La réussite éducative du plus grand nombre est au cœur de la mission du CREVALE et de ses partenaires. La définition de la réussite éducative nous rappelle d’ailleurs les composantes clés qui, à plusieurs égards, trouvent un écho dans l’approche EFC.

Cette réussite réfère au développement global d’une personne, c’est-à-dire dans toutes ses potentialités. D’un côté, elle vise l’intégration de savoirs académiques en vue d’une diplomation ou d’une qualification pour une participation au marché du travail. De l’autre, elle vise l’acquisition de valeurs et d’attitudes pour vivre en société et y jouer un rôle actif et responsable. En ce sens, la réussite éducative est une responsabilité partagée où l’école, la famille et la communauté travaillent ensemble pour atteindre ces objectifs.

L’implantation et la réalisation de projets EFC sont donc souhaitables dans notre région. Pour ce faire, les « 4 A », soit l’approche, l’attitude, l’atmosphère et l’action, sont les ingrédients humains indispensables pour bâtir ce type de collaboration[24]. En effet, tous les partenaires ont un rôle unique à jouer et il est important d’accorder de la valeur aux propos et aux perceptions de chacun lors de cette collaboration. Il faut mettre en place des actions concrètes pour solidifier les différentes relations, et ce, dans un climat de travail agréable. Ces ingrédients doivent être présents lors de l’élaboration du projet, mais également tout au long de sa réalisation[25].

En résumé, rappelons-nous que tout le monde gagne à travailler ensemble, mais que ce sont nos jeunes qui en seront les vrais gagnants!

[24] Deslandes, 2010.  [25] Deslandes, 2010.
[1] Deslandes, 2004; Deslandes, 2006; Deslandes, 2010; Deslandes, 2011; Deslandes, 2012; Deslandes, 2019. [2] Bronfenbrenner, 1979.  [3] El Hage et Reynaud, 2014. [4] Deslandes, 2019; Larivée, 2012.  [5] Feyfant et Rey, 2006, cité par Carnie (2006).  [6] Rousseau et coll., 2012. [7] Deslandes, 2019; Deslandes et Bertrand, 2004; Larivée, 2012.  [8] Deslandes, 2019; Ratelle et coll., 2017; Larivée,2011; Deslandes et Bertrand, 2004.  [9] Deslandes, 2011.   [10] Hoover-Dempsey et Sandler, 1997. [11] Deslandes, 2019; Deslandes et Bertrand, 2004; Larivée, 2012. [12] Blaya et coll., 2011; Perron et Veillette, 2012.  [13] Camirand, 2019.  [14] Deslandes, 2011; Deslandes, 2019.  [15] Larivée et coll., 2017.    [16] Deslandes, 2010 [17] Larivée et coll., 2017.  [18] Deslandes, 2019.  [19] Larivée et Larose, 2014.  [20] Epstein, 2011; Epstein, 2019.  [21] Larivée et coll., 2017.   [22] Deslandes, 2010; CTREQ, 2013.  [23] Gaudreault et coll., 2019.  [24] Deslandes, 2010.  [25] Deslandes, 2010.

On peut consulter l’ensemble de ces références en consultant la bibliographie.