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La situation du décrochage et de la diplomation tend à s’améliorer depuis quelques années dans Lanaudière. Lorsqu’on y regarde de plus près, on en déduit que les efforts investis ces dernières décennies pour aider les garçons à persévérer semblent avoir porté fruit puisque, entre 2006-2008 et 2010-2012, leurs taux de diplomation ont augmenté, et ce, partout dans la région. Or, quand on se concentre sur les filles, pour la même période, on constate que leurs taux ont diminué dans tous les territoires de MRC du nord de la région, situation d’autant plus préoccupante quand on sait qu’elles sont les potentielles mamans de demain et qu’à ce titre, leur niveau de scolarité influencera directement la persévérance scolaire de leurs enfants. 

Afin de saluer l’arrivée de la trousse « Persévérer dans l’égalité » produite par ses cousins des régions de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et de Montréal, le Comité régional pour la  valorisation de l’éducation (CREVALE) vous propose un petit quiz pour mesurer vos connaissances sur les réalités des filles et des garçons en persévérance scolaire. Voilà de quoi alimenter les discussions en famille ou entre collègues. 

Vrai ou faux?

  1. Au Québec, les filles et les garçons sont éduqués de la même façon.
  2. Il existe un intérêt naturel des garçons pour certains jeux et un intérêt naturel des filles pour d’autres jeux.
  3. Le phénomène du décrochage scolaire est uniquement un problème de garçons.
  4. Le décrochage scolaire des garçons est causé, entre autres, par le manque d’enseignants de sexe masculin.
  5. Les femmes et les hommes qui n’ont pas de diplôme du secondaire gagnent en moyenne le même salaire.
  6. Le risque de pauvreté est plus élevé pour les femmes non diplômées que pour les hommes non diplômés.
  7. Au Québec, il n’existe plus de barrières sociales pour exercer le métier ou la profession de son choix.
  8. L’égalité des salaires entre les femmes et les hommes est bénéfique pour la société dans son ensemble.
  9. Les élèves qui adhèrent le plus aux stéréotypes sexuels (les camions, la bagarre et les métiers manuels, c’est pour les garçons; les poupées, les emplois en esthétique et le soin des enfants, c’est pour les filles) sont ceux qui décrochent le plus.
  10. Les responsabilités familiales ont une influence différente sur les femmes et les hommes qui font un retour aux études.

Référence : Complice – Persévérance scolaire Gaspésie-Les Îles, Réseau réussite Montréal.  Persévérer dans l’égalité : guide sur l’égalité filles-garçons et la persévérance scolaire (2016).

CORRIGÉ – Quiz persévérance scolaire : les filles, les garçons, c’est pareil?

  1. Au Québec, les filles et les garçons sont éduqués de la même façon.

FAUX. Les recherches montrent que, au Québec et ailleurs dans le monde, les filles et les garçons sont généralement éduqués différemment. Les adultes ont tendance, bien souvent de manière inconsciente, à encourager davantage les comportements perçus comme masculins chez les garçons et ceux perçus comme féminins chez les filles. Les adultes ont des attentes différentes dans leurs interactions avec un enfant s’il est une fille ou un garçon. Ces attentes vont être intériorisées par l’enfant qui va agir en conformité avec ce que l’on attend de lui. Cette socialisation différente ne passe pas uniquement par les interactions (avec les adultes et avec les pairs), mais aussi par l’environnement différencié offert aux filles et aux garçons, par exemple, les jouets, les vêtements, les livres, les dessins animés pour enfants où les stéréotypes sexuels et sexistes ainsi que les rôles de genre sont très présents. Cette socialisation différente conduit à des rapports sociaux inégaux entre les femmes et les hommes qui croisent d’autres rapports sociaux : classe, âge, handicap, race, etc. (voir la fiche 2 Filles-garçons et persévérance scolaire et la fiche 3 Stéréotypes sexuels et persévérance scolaire).

  1. Il y a un intérêt naturel des garçons pour certains jeux et un intérêt naturel des filles pour d’autres jeux.

FAUX. Généralement, les enfants grandissent en adoptant un comportement différencié suivant leur sexe. Cependant, ces comportements différents n’ont pas pour origine « la nature », mais la socialisation (voir la réponse à la question 2). La recherche scientifique a récemment mis en évidence la plasticité du cerveau. Celui-ci fabrique en permanence des circuits de neurones en fonction de l’apprentissage et des expériences vécues. Les différences entre les cerveaux de deux individus sont plus importantes que les différences entre les cerveaux des femmes et des hommes. Le sexe n’a pas d’effet sur les fonctions cognitives des individus (raisonnement, par exemple). Les seules différences entre les cerveaux des femmes et des hommes sont liées au contrôle des fonctions physiologiques associées à la reproduction (comme l’activation de neurones dans le déclenchement de l’ovulation chez les femmes). Dans des sociétés inégalitaires, l’argument de nature (« les femmes sont comme-ci », « les hommes sont comme ça », c’est « naturel ») permet de ne pas remettre en question l’organisation de la société qui produit les inégalités dont les origines sont historiques, sociales et politiques1.

  1. Le phénomène du décrochage scolaire est uniquement un problème de garçons.

FAUX. Lorsqu’on parle de décrochage scolaire, on oppose souvent l’échec des garçons et la réussite des filles. Cependant, le groupe des filles n’est pas uniforme, ni celui des garçons : la plupart des filles et des garçons réussissent à l’école et c’est seulement une partie des filles et une partie des garçons qui sont touchés par le décrochage. Selon les données du ministère de l’Éducation (2014-2015), le taux de sorties sans diplôme ni qualification parmi les sortants en formation générale des jeunes (décrochage annuel) dans le réseau public est de 19,2 % chez les garçons et de 11,9 % chez les filles pour l’ensemble du Québec, et de 21 % chez les garçons et de 14,9 % chez les filles à Montréal. Il importe aussi de souligner que, dans les écoles où le taux de décrochage est élevé chez les garçons, il est en général aussi élevé chez les filles. On s’inquiète du décrochage scolaire des garçons et il le faut, mais le sort des filles laisse plutôt indifférent alors qu’elles sont aussi touchées par le phénomène et, dans le long terme, sont plus désavantagées que les garçons dans leurs parcours socio-économiques : le taux d’emploi des femmes est moindre et leurs revenus sont moins élevés; le risque de pauvreté est plus élevé pour les femmes (voir la fiche 1 Déconstruire les idées reçues : le décrochage scolaire des filles et des garçons).

  1. Le décrochage scolaire des garçons est, entre autres, causé par le manque d’enseignants de sexe masculin.

FAUX. Il n’existe en effet aucune preuve de l’influence bénéfique d’une répartition plus équilibrée des sexes parmi le personnel enseignant sur les performances des élèves (voir le détail au verso de la fiche 1 Déconstruire les idées reçues : le décrochage scolaire des filles et des garçons).

  1. Les femmes et les hommes qui n’ont pas de diplôme du secondaire gagnent en moyenne le même salaire.

FAUX. En 2017, au Québec, la rémunération annuelle des femmes sans diplôme d’études secondaires est en moyenne de 23 205 $, alors qu’elle est de 35 440 $ pour les hommes dans la même situation (Institut de la statistique du Québec, 2018). Les données sont calculées en rémunération hebdomadaire (446,26 $ pour les femmes et 681,54 $ pour les hommes).

  1. Le risque de pauvreté pour les personnes non diplômées est plus élevé.

Pour les femmes. (Pour les raisons évoquées à la réponse ci-dessus)

  1. Au Québec, il n’existe plus de barrières sociales pour exercer le métier ou la profession de son choix.

FAUX. Les filles et les garçons s’orientent vers des professions en fonction d’une offre différenciée selon leur sexe. Au Québec, en 2015-2016, 76,3 % des filles inscrites à la formation professionnelle au secondaire sont présentes dans trois secteurs : administration, commerce et informatique; santé; soins esthétiques.

L’offre des formations proposée aux garçons est plus diversifiée et les dirige vers des emplois mieux payés : 64,1 % des inscrits le sont dans les secteurs des bâtiments et travaux publics; de l’administration, du commerce et de l’informatique; de l’électrotechnique; de l’entretien d’équipement motorisé; de la métallurgie. Au Québec, en 2015 au collégial technique, les filles sont surtout présentes dans le secteur de la santé (32,9 %); des services sociaux, éducatifs et juridiques (30,4 %) et celui de l’administration, du commerce et de l’informatique (12,9 %). Ce dernier secteur est le premier choix des garçons (30,4 % des inscrits), suivi par les techniques du bâtiment et des travaux publics (11,3 %) et les services sociaux, éducatifs et juridiques (10,6 %). À l’université, les garçons constituent 74,1 % des étudiants inscrits en sciences appliquées et les filles, 76,6 % des effectifs en sciences de la santé (Conseil du statut de la femme, Portrait des Québécoises en 8 temps, 2017).

  1. L’égalité des salaires entre les femmes et les hommes est bénéfique pour la société dans son ensemble.

VRAI. Une étude menée dans 24 pays montre que, comparativement aux enfants de mères hors du marché de l’emploi, les enfants des mères actives bénéficient d’un meilleur avenir : à l’âge adulte, leurs filles ont plus de chances d’avoir un emploi, d’occuper un poste à responsabilité et d’avoir un meilleur salaire, et leurs garçons s’occuperont plus de leur famille et participeront davantage aux tâches domestiques (McGinn, 2015).

  1. Les élèves qui adhèrent le plus aux stéréotypes sexuels sont ceux qui décrochent le plus.

VRAI. Les filles et les garçons voient et « vivent » l’école différemment en raison d’une socialisation qui n’est pas la même. Mieux connaitre ces différences permet d’agir plus efficacement. Des recherches réalisées dans plusieurs pays montrent que les chances de réussite scolaire s’améliorent quand on diminue les références aux stéréotypes sexuels chez les jeunes. En effet, si l’origine sociale a un poids considérable dans le décrochage scolaire, les élèves qui adhèrent le plus aux stéréotypes sexuels sont ceux qui décrochent le plus (Conseil supérieur de l’Éducation, 1999) (voir la fiche 3 Stéréotypes sexuels et persévérance scolaire).

  1. Les responsabilités familiales ont une influence différente sur les femmes et les hommes qui font un retour aux études.

VRAI. Les jeunes femmes qui décident de reprendre leurs études rencontrent de nombreux obstacles : difficultés liées à la conciliation études-famille (les responsabilités familiales incombant encore davantage aux femmes) et précarité financière (qui touche davantage les femmes), entre autres (FAE et Relais-femmes, 2012 et 2015; TCMFCQ et Raby, 2014).