RADAR LANAUDOIS

En 2021, 5,2 % des logements de la région de Lanaudière nécessitaient des réparations majeures¹.

Faits saillants

Selon les données du recensement de 2021, les logements de Lanaudière sont moins nombreux, en proportion, que ceux de l’ensemble du Québec à nécessiter des réparations majeures, bien que cette situation se nuance au niveau des MRC. En particulier, les MRC de Matawinie, de Montcalm et de D’Autray affichent une proportion supérieure à la moyenne québécoise, alors que la MRC des Moulins présente un taux notablement inférieur. En ce qui concerne la fréquence du faible revenu, la région de Lanaudière présente des chiffres globalement inférieurs à la moyenne québécoise, indépendamment de la mesure utilisée. Cependant, cette tendance varie considérablement selon les MRC, où les résidents des quatre MRC de Lanaudière-Nord sont proportionnellement plus nombreux à vivre en situation de faible revenu, particulièrement ceux de la MRC de Matawinie.

Explication et analyse

Le recensement de la population effectué tous les cinq ans par Statistique Canada permet d’en apprendre davantage à propos des conditions de vie de la population, dont le logement et les revenus.

Selon les normes établies par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), la qualité convenable d’un logement est l’une des trois normes d’accessibilité, aux côtés de la taille convenable et de l’abordabilité. Cette norme signifie qu’un logement est considéré de qualité convenable s’il ne nécessite pas de réparations majeures, telles que des problèmes de plomberie ou d’installation électrique, ou des réparations structurelles aux murs, sols ou plafonds, selon l’avis des occupants. Cette notion ne comprend pas les rénovations désirées ni les ajouts³.

La mesure de la pauvreté est un sujet sensible, influencé par des considérations théoriques, méthodologiques et même politiques. Plusieurs indicateurs permettent de jeter un regard sur la précarité vécue par les habitants d’un territoire, de la couverture de leurs besoins de base jusqu’à leur sortie de la pauvreté⁴. Tout d’abord, la Mesure du panier de consommation (MPC) est la mesure officielle de faible revenu au Canada. Basée sur le coût⁵ d’un panier de biens et de services correspondant à la couverture des besoins de base de la population, elle prend en compte le coût estimatif de la nourriture, de l’habillement et des chaussures, du logement, du transport et d’autres dépenses selon une qualité et une quantité déterminées, selon des mises à jour périodiques, pour une famille de référence composée de deux adultes et de deux enfants. Le panier de biens et services peut être ajusté selon le nombre de personnes composant la famille⁶. Ensuite, la Mesure de faible revenu après impôt (MFR‑ApI) correspond à la proportion des ménages privés dont le revenu après impôt, rajusté pour tenir compte de la taille du ménage, est inférieur à la moitié du revenu médian de la population canadienne^{7, 8}.

La qualité des logements a un impact sur la santé et le bien-être des occupants. En effet, les personnes vivant dans un logement de piètre qualité sont plus susceptibles de vivre du stress, de l’anxiété ou une dépression, pourraient être plus portées vers la criminalité et la violence et pourraient avoir tendance à adopter des habitudes compensatoires malsaines, comme la consommation excessive d’alcool et de drogues. De plus, les enfants vivant dans un logement insalubre risquent particulièrement d’avoir une mauvaise santé, une situation qui peut perdurer jusqu’à l’âge adulte^{9, 10}. Des études ont également démontré que la proportion de logements ayant besoin de réparations majeures dans un territoire est associée à une plus faible diplomation des élèves au secondaire¹¹. La taille inadéquate du logement peut avoir aussi des conséquences importantes. Par exemple, les personnes vivant dans des logements trop petits sont plus susceptibles de vivre des épisodes de détresse psychologique et de vivre ou de faire vivre de la violence à domicile. Aussi, les enfants vivant dans un logement surpeuplé peuvent plus difficilement trouver un lieu dédié au travail scolaire ainsi qu’un environnement propice à la concentration et au sommeil, ce qui peut avoir de grandes conséquences sur leur apprentissage et leurs résultats scolaires^{12, 13}.

L’enjeu de la pauvreté est intimement relié au concept de défavorisation, celui-ci ayant fait l’objet d’une documentation approfondie par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)¹⁴. La défavorisation peut être analysée en fonction de trois principales composantes (matérielle, sociale et environnementale) qui englobent diverses facettes de la vie d’une personne. Le revenu, parmi d’autres domaines tels que l’éducation et l’emploi, est associé à la composante matérielle. Plusieurs études ont montré que la défavorisation a des conséquences sur la persévérance et la réussite scolaires, se traduisant par un risque accru d’abandon des études, une vulnérabilité élevée, une faible estime de soi, des aspirations moins élevées et une possibilité de rencontrer des difficultés d’adaptation ou d’apprentissage¹⁵. Or, l’éducation est un outil puissant pour combattre la pauvreté et l’exclusion sociale¹⁶. Par exemple, l’obtention d’un diplôme postsecondaire confère un avantage salarial particulièrement important chez les jeunes issus d’une famille défavorisée¹⁷. Aussi, il existerait un lien de nature causale entre le niveau de revenu et le niveau d’éducation, selon lequel une augmentation du niveau d’éducation amène à un accroissement du revenu annuel¹⁸. Malheureusement, plusieurs personnes en situation de précarité se retrouvent piégées dans une spirale de pauvreté alors qu’elles peinent à combler leurs besoins de base, ce qui rend plus difficile le fait de déployer les ressources et allonge le temps nécessaire à la réalisation de leur projet d’études sans une aide externe. C’est ici que l’approche du revenu minimal garanti devient intéressante comme mesure de lutte contre la pauvreté¹⁹.

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